Primés au CNRP
Pour la deuxième année consécutive le lycée a participé au Concours national de la résistance et de la déportation. Dix élèves ont mené une réflexion collective sur le thème national : « Répressions et déportations en France et en Europe, 1939-1945. Espaces et histoire ».
Leur travail a été récompensé par un prix qu’ils ont reçu à la préfecture de Nanterre le 14 juin dernier.
« Ils vous expliquent leur démarche ci-dessous » :
Nous avons choisi d’aborder ce sujet avec la problématique suivante : politiques répressives et dispositif répressif, finalités des répressions et des déportations, espaces de la répression et de la déportation. Dès lors, il s’agissait de montrer l’évolution de l’espace répressif, ainsi que les formes de répressions et leur finalité selon les groupes auxquels elles s’appliquaient.
Très vite, comme notre groupe comptait des élèves de 1ère L, nous avons eu l’idée de nous appuyer sur les témoignages de victimes rescapées ou non de déportation. Il s’agissait de montrer la spécificité des espaces de répression ainsi que leurs formes à partir de témoignages étayés par l’historien ; le travail de l’historien consistant à avérer ces témoignages, dans un travail de fouilles et d’enquêtes.
Le premier enjeu méthodologique consistait d’abord à circonscrire un sujet qui nous semblait très vaste. C’est ainsi que nous avons décidé de restreindre à l’espace français, en tant qu’espace de répression et point de départ des déportations. Il s’agissait de montrer l’opposition entre le territoire parisien, théâtre de l’application des lois anti-juives, et la manière dont les Alpes maritimes ont constitué durant l’occupation italienne, une sorte de refuge pour les victimes des politiques anti-juives, avant de devenir, selon le terme de Simone Veil dans Une vie, une « nasse ». Le second enjeu résidait dans le choix des types de répression, et nous avons décidé de distinguer les déportés résistants des déportés raciaux. C’est ainsi que, puisque la France constituait un point de départ aux déportations, nous voulions ensuite montrer la différence entre l’Allemagne concentrationnaire et l’espace indicible de la solution finale.
Au cours de nos recherches, nous comprenions que les traces des répressions avaient été, dans certains espaces, volontairement effacées ; et nous avons affiché une volonté de recréer par la parole poétique ces espaces vides. L’écriture devenait pour nous l’occasion de combler les vides et de faire de la page poétique un espace symbolique mémoriel ; espaces physiques, espaces symboliques se rencontrant et faisant se croiser les regards des témoins et les nôtres, regards d’hier et d’aujourd’hui, où l’espace intime d’un poème comble l’espace vide, ou l’espace indicible.
Nous avons ensuite choisi notre corpus. Nous sommes partis de nos connaissances, de celles de nos professeurs. L’enjeu consistait à retenir des témoignages variés et complémentaires : des déportés résistants, raciaux (juifs ou tziganes) ; des victimes des répressions, en France, en Allemagne ; des témoins de l’indicible dans les camps d’extermination ; des femmes, des hommes ; des peintres, des écrivains ; un philosophe, un journaliste, un témoin au procès de Nuremberg ; un cinéaste, un photographe documentaire donnant la parole aux témoins… L’éclectisme nous semblait propice sinon à l’exhaustivité, du moins à la multiplicité des points de vue. Notre corpus est présenté et justifié dans l’éditorial de notre journal.
Nous étions dix, ce qui nous permettait de nous répartir le travail. Nous avons très vite décidé de produire un journal, un hors-série constitué d’articles que nous n’avions plus qu’à nous répartir. Ce sont nos affinités qui nous ont conduit à choisir les témoignages. Une phase de recherche documentaire a précédé la phase de lecture des œuvres et de recueil de citations, et ensuite la phase de rédaction des articles. Tout ceci se faisait une heure par semaine au lycée, et les travaux de lecture des œuvres et d’écriture des poèmes se faisaient à la maison.
Le logiciel libre «open source » SCRIBUS était notre outil pour la mise en forme du journal.
Le plus dur est de faire des choix, d’être synthétique, de respecter le calendrier et de maîtriser le logiciel de PAO.
Ce travail est formateur, il a permis de découvrir des œuvres, de réaliser des travaux aussi variés que la recherche documentaire, la synthèse de documents, la problématisation, la construction d’un plan, l’écriture de poèmes, d’articles. Il implique aussi le travail en équipe. Enfin, nous avons mieux saisi ce qu’est le travail de recherche de l’historien.
Parfois, la dureté des témoignages est violente, mais notre production, à l’heure des révisionnismes et autres négationnismes, est utile, pour ne pas oublier, pour lutter contre la tentation de la haine.
Yann-Ael Angelvy, Victoire Connan, Emmanuel Fernandez, Suranjan Jayasundra, Julia Hay, Samy Housni, Matthias Richard, Léa Sasportes, Solenne Tertrais, Lucile Zumsteeg